Développer la coopération en équipe: l’exercice Taquin.
Connaissez-vous le jeu du Taquin. C’est ce petit jeu où il s’agit de remettre les chiffres dans l’ordre chronologique. Une case vide permet de faire des déplacements qui, après moultes aller-retours, permettent aux chiffres de se retrouver dans l’ordre.
C’est sur ce même principe que Ron Wiener (sociodramatiste anglais) nous a proposé un exercice que j’ai nommé Le Taquin de la coopération. Il permet à un groupe et un faciliteur de prendre conscience des comportements/attitudes qui fonctionnent bien et celles qui freinent pour obtenir de bons résultats.
Comment ça marche ?
Chaque membre du groupe note son prénom sur une feuille A4. Ca fonctionne à partir de 3 mais c’est plus intéressant à 6, 8, 10. Il n’y a pas de limite technique au nombre, mais évidemment, plus il y a de personnes plus cela se complique. 8 dans mon expérience est un bon chiffre. Si vous avez 12 personnes, faites plutôt 2 groupes.
Ensuite vous récupérez les feuilles A4 avec les prénoms et vous rajoutez 2 feuilles vierges, qui sont l’équivalent de la case vide du Taquin. En ne mettant qu’une page vierge, cela ne fonctionnera pas jusqu’à 6 personnes. Plus loin, cela peut marcher ou pas, suivant le placement des personnes. A 15 personnes (+ 1 case), cela va fonctionner.
Vous disposez les feuilles à l’envers au sol, en carré (9 feuilles), en rectangle (8 ou 6). Vous pouvez même positionner une feuille à côté (7), ça fonctionne encore. Ensuite vous demandez aux membres du groupe d’aller s’installer chacun sur une feuille, au hasard.
Puis vous donnez les instructions suivante:
- le BUT du jeu: vous retrouver sur la feuille qui a votre prénom
- vous pouvez bouger seulement vers une feuille libre à l’horizontale ou la verticale de votre position (mouvement diagonal interdit).
- vous devez être en permanence sur une feuille bien sûr
- les principes de déplacement sont identiques qu’au jeu du Taquin
A partir de là, vous allez laisser le groupe se débrouiller. Il peut se passer beaucoup de choses au niveau du leadership. Observez.
De nombreuses exploitations sont possibles de ce jeu. Une chose que vous pouvez faire après 10-15′ est de faire une pause pour permettre aux personnes de parler du processus. Qu’est-ce qui a bien marché dans l’équipe jusqu’ici (insistez là-dessus vraiment)? Qu’est-ce qui serait utile pour la suite en terme de fonctionnement? Et permettez-leur de retourner continuer le jeu. A la fin, le debriefing suivant servira à mesurer si le premier échange a permis une amélioration notoire ou pas.
Le groupe pourra également relever les bonnes pratiques de groupe et faire des liens très concrets avec leur fonctionnement (si c’est une équipe naturelle) ou le fonctionnement de leur équipe d’origine et comment ils veulent à leur retour contribuer à améliorer le fonctionnement sur 1 ou 2 points clé, par exemple.
ATTENTION: sous son aspect ludique, ce jeu est assez impliquant. Est-ce que l’on m’écoute? Est-ce que j’ose prendre la parole? Est-ce que je subis les leaders forts? Est-ce que je suis l’expert à qui l’on ne donne pas la légitimité? Etc… Les émotions émergent. Le premier debriefing sera l’occasion de donner à chacun la parole pour dire où il en est, ce qu’il-elle pense qu’il y aurait lieu de faire pour améliorer le fonctionnement. C’est déjà l’occasion de tirer des parallèles fertiles avec la pratique de son équipe.
Donc, ne l’emmenez pas comme ça, pour voir. Il est utile parce qu’au service d’un objectif souhaité par votre mandataire, par l’équipe.
Bonne animation !
Laurent Fontaine
PS: en ce qui concerne la coopération, les rôles en équipe de Belbin sont un autre type de ressource particulièrement intéressant pour développer une équipe.